Linus Torvalds débranche Itanium du kernel Linux

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Face à l’abandon de la plateforme Itanium par HPE et Intel, Linus Torvalds a décidé de mettre fin à son support dans le kernel Linux.

L’affaire des puces Itanium va connaître un énième soubresaut et c’est du côté du noyau Linux que cela se passe. Linus Torvalds a indiqué dans un message, « HPE n’accepte plus de commandes pour du nouveau matériel Itanium et Intel a cessé d’accepter les commandes il y a un an.

Pourtant, Intel continue officiellement d’expédier des puces jusqu’au 29 juillet 2021. Il est peu probable que de telles commandes existent réellement. » et de conclure son propos par un lapidaire : « C’est mort, Jim ». En conséquence, le patron du noyau Linux propose de ne plus supporter les puces Intel Itanium en poussant un patch considérant la technologie comme orpheline.

L’histoire de l’architecture IA-64 – nom de code Merced – développée conjointement par Intel et HP avec un zeste d’Alpha a débuté dans les années 2000 avec pour ambition de remplacer les PA-Risc et concurrencer les PowerPC d’IBM et les Sparc de Sun. Connues sous le nom d’Itanium, ces puces étaient intégrées dans les serveurs HP Integrity (Tandem NonStop Himalaya à l’origine).

La première puce est sortie en 2001, mais les performances étaient décevantes par rapport à l’architecture x86-64 poussée tout d’abord par AMD et, avec retard, par Intel.

Un abandon progressif

Itanium a bénéficié du soutien de HP jusqu’à la sortie en 2017 de la puce 9700, « Kittson », mais la plateforme était déjà moribonde depuis plusieurs années avec la désaffection des éditeurs Microsoft (2010 avec la fin du support de Windows Server) et Oracle (2011 avec la fin du portage de sa base de données).

En lançant l’Itanium 9700, Intel avait indiqué que cette série « serait la dernière des puces Itanium » et orientait les clients vers des systèmes basés sur des Xeon.

En février 2019, la firme de Santa Clara a annoncé que la dernière livraison d’Itanium aurait lieu en juillet 2021. Sur la partie OS, la dernière version de Windows à prendre en charge Itanium était Windows Server 2008 R2, mais ceux qui possèdent des systèmes Itanium pourront continuer à bénéficier d’un support Unix via HP-UX 11 jusqu’au 31 décembre 2025.

Source lemondeinformatique.fr

Voici à quoi va ressembler l’installation d’Ubuntu en 2022

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C’est par le biais du compte Twitter de Martin Wimpress que la nouvelle est arrivée : un rafraîchissement de l’interface d’installation est lancé pour Ubuntu. Les premières images sont disponibles.

En sa qualité de directeur de l’ingénierie d’Ubuntu Desktop, Martin Wimpress a lancé une nouvelle discussion ce lundi sur le Discourse de Canonical. L’installation d’Ubuntu va changer de look.

Il faut dire que l’installateur actuel, Ubiquity, date de… 2006. Toujours fonctionnel, il ne répond plus tout à fait aux standards de 2021.

A new #Ubuntu Desktop Installer  is in the works https://t.co/Oo9mAKAPxX pic.twitter.com/7QMN6IKOCg

— Martin Wimpress (@m_wimpress) February 1, 2021

Le nouvel installateur va utiliser le kit de développement open source Flutter créé par Google. Cela va permettre aux développeurs de créer des interfaces beaucoup plus consistantes et cohérentes entre les différentes versions d’Ubuntu. Également pour Ubuntu Server, qui bénéficie depuis peu de sa propre interface d’installation et de configuration, Subiquity 61.

Il va toutefois falloir se montrer patient avant d’en profiter. Le nouvel installateur sera intégré à la version 22.04 LTS de la distribution Ubuntu, dont la sortie est prévue en avril 2022. Un cycle de test sera toutefois lancé en amont, probablement d’ici la fin de l’année.

En attendant, voici les 2 captures d’écran officielles publiées cette semaine:

Le chantier a bien démarré. Si vous êtes développeur, vous pouvez le suivre sur Github.

Source toolinux.com

 

Pourquoi il faut impérativement mettre à jour votre sudo

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Jamais une version de sudo n’aura attiré autant d’attention. Il faut dire que la mise à jour 1.9.5p2 publiée le 26 janvier vient corriger une faille de sécurité sérieuse.

C’est quoi exactement sudo ?

sudo est une commande informatique utilisée dans les systèmes d’exploitation Linux et de type Unix (BSD, macOS X) pour permettre de lancer une commande en tant qu’administrateur. Il s’agit d’une abréviation de l’expression anglaise « super-user do ».

Passez à sudo 1.9.5p2 sans attendre

La version sudo 1.9.5p2 publiée le 26 janvier 2021 est importante : elle vient corriger la vulnérabilité CVE-2021-3156 (connue sous le nom Baron Samedit), qui permet à un attaquant d’obtenir les droits « root » sans figurer dans la liste des utilisateurs (dits « sudoers ») approuvés. Traduction : n’importe qui peut devenir root.

Les informations complètes et les liens de téléchargement se trouvent sur le site officiel du projet sudo.

Source toolinux.com

Pourquoi la prochaine Ubuntu ne va pas embarquer GNOME 40

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Ubuntu 21.04 va s’en tenir à GTK3 et GNOME 3.38 pour la prochaine grande révision de la distribution prévue en avril. Un développeur de Canonical s’est expliqué sur le sujet.

Canonical y avait préparé les utilisateurs mi-décembre dernier via une annonce. ,Dans un article intitulé « Staying on GTK3 and GNOME 3.38 this cycle« , Sebastien Bacher explique pourquoi l’entreprise et la communauté ont choisi de ne pas effectuer la transition vers GNOME 40 et GKT4 trop tôt.

« Le sujet de ce qu’il faut faire à propos du nouveau GNOME est arrivé sur la table. Après réflexion, nous avons décidé de nous en tenir à GTK3 et GNOME 3.38, en tout cas pour ce cycle. »

Pourquoi Ubuntu conserve GNOME 3.38

Plusieurs questions entourent GNOME 40 : la stabilité du nouveau shell, l’impact sur les extensions ou encore la cohabitation entre yaru et GTK. Si Debian se charge de l’empaquetage de GTK4, ce qui va faciliter la tâche pour Ubuntu, mais il est difficile d’avoir une vue à la fois sur la stabilité et sur les risques encourus par la transition. D’où une position plus attentiste sur le sujet.

« Nous devons faire attention en apportant toute mise à jour vers GTK4 dans l’installation par défaut, en tout cas jusqu’à ce que la question de thème soit résolue. Mais restons positifs ! Nous profitons du fait que Debian démarre son « gel » : il est donc peu probable que les synchronisations automatiques créent des problèmes pour nous. »

GNOME 40 dans Ubuntu, c’est pour quand ?

Sauf surprise, GNOME 40 attendra la révision suivante de la distribution, à savoir la version 21.10 en octobre 2021. Ce qui ne vous empêchera pas d’effectuer la mise à niveau quand bon vous semble, une fois les éléments stabilisés et disponibles pour votre système.

Quand sort Ubuntu 21.04 ?

La version 21.04 d’Ubuntu Linux sortira en avril 2021, selon le calendrier officiel.

Source toolinux.com

Brave adopte l’IPFS : en route pour un web décentralisé

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Le navigateur open source Brave s’offre une longueur d’avance avec l’intégration sur ordinateur de l’InterPlanetary File System.

C’est quoi IPFS ?

L’InterPlanetary File System (IPFS) est, selon Framalibre, un protocole p2p qui se rêve en successeur du World Wide Web et du HTTP. Son but : « lutter contre la centralisation du web, la censure, et le manque de résilience des infrastructures du web ».

L’IPFS est avant tout une technologie permettant aux créateurs de distribuer du contenu sans coûts élevés de bande passante grâce à la déduplication et à la réplication des données.

La commande à utiliser est la suivante : ipfs ://

Protocol Labs et Brave lancent l’IPFS

Brave est le premier navigateur web à adopter IPFS (ou InterPlanetary File System). L’annonce a été officialisée le 19 janvier 2021 par Brian Bondy, CTO et cofondateur du navigateur basé sur Chromium (édition open source de Chrome).

Pour y arriver, une collaboration a été mise en place avec l’inventeur de l’IPFS, Protocol Labs, un laboratoire de recherche et de développement à l’origine d’autres projets comme Filecoin et libp2p.

IPFS dans Brave : comment ça marche ?

Le support IPFS annoncé cette semaine permet aux utilisateurs de Brave sur ordinateur de télécharger du contenu en utilisant un « hachage de contenu », connu sous le nom de Content identifier (CID). Il faut utiliser la version 1.19 du navigateur web pour en profiter pour Linux, Windows et macOS.

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Linux sur les nouveaux Mac M1 : c’est possible et voici comment ça marche !

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Le projet de porter Linux sur Apple Silicon avance de manière… spectaculaire : Corellium et Asahi Linux n’ont jamais été aussi près du but. Cette semaine, le mystère du Mac mini M1 a été percé.

Tout est parti d’un tweet posté ce mercredi 20 janvier 2021 par Chris Wade, CTO de l’entreprise australienne Corellium, celle qui a récemment remporté une bataille devant les tribunaux contre Apple. Sa technologie de virtualisation dans le cloud permet aux développeurs et chercheurs en sécurité d’utiliser iOS sans devoir passer par l’iPhone ou l’iPad.

Chris Wade s’est félicité que Corellium ait réussi, en un temps record, à rendre utilisables les systèmes Linux sur le nouveau Mac mini M1 (une puce ARM développée par Apple pour ses ordinateurs de bureau et portables).

Linux is now completely usable on the Mac mini M1. Booting from USB a full Ubuntu desktop (rpi). Network works via a USB c dongle. Update includes support for USB, I2C, DART. We will push changes to our GitHub and a tutorial later today. Thanks to the @CorelliumHQ team  pic.twitter.com/uBDbDmvJUG

— Chris Wade (@cmwdotme) January 20, 2021

Dans les heures qui ont suivi, une explication et un tutoriel ont été mis en ligne (en anglais), expliquant comment il a été possible de porter Ubuntu sur la puce M1 en… quelques jours seulement.

Pour l’heure, il faut démarrer le système Linux en USB et la partie réseau est possible grâce à un adaptateur USB-C, mais nul doute que les choses vont rapidement évoluer. Et pour cause : les travaux se déroulent en toute transparence sur Github.

Un petit exploit qui ouvre la voie à d’autres distributions Linux

Des informations qui permettront à un autre projet d’avancer, dont nous vous parlions début décembre, Asahi Linux et lancé par Marcan, le développeur qui a rendu Linux compatible avec la PS4. D’ailleurs, à en croire un autre tweet, une collaboration n’est pas exclue :

We welcome all contributors to the Linux ecosystem with open arms, and are genuinely excited about @CorelliumHQ‘s work on M1 Linux. We look forward to it being upstreamed, and are happy to help review all M1 related patches. Please CC us on all upstream patch submissions !  https://t.co/cEOiWb8iuP

— Asahi Linux (@AsahiLinux) January 16, 2021

 

Liens utiles

How We Ported Linux to the M1
Compte Github « corellium/linux-m1 »
Linux sur Apple Silicon : le nouveau projet de Marcan (après la PS4)
Asahi Linux

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Smartphone Linux : voici le Pinephone Mobian Community Edition basé sur Debian

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Il est disponible à partir de 125€ (hors taxes) dès aujourd’hui, le Pinephone Mobian est un smartphone 4G d’entrée de gamme doté d’un système Linux Debian optimisé pour le mobile.

Après l’édition KDE Community, dont nous vous parlions début décembre dernier, place à une version de Debian optimisée pour le Pinephone.

PinePhone édition Mobian : les caractéristiques

Techniquement, il s’agit d’un Pinephone auquel on ajoute la distribution Mobian.

Les détails – milieu de gamme – de la fiche technique sont les suivants :

Processeur Allwinner A64 – CPU 64-bits 4-cœurs 1.2 GHz ARM Cortex A-53
GPU : MALI-400MP2
Mémoire interne 16GB eMMC (+ micro SD jusqu’à 2TB)
2GB LPDDR3 SDRAM
Dimensions : 160,5mm x 76,6mm x 9,2mm
Poids : 185 grammes
SIM : micro-SIM (NdlR : donc pas nano-SIM !)
Écran 5,95 pouces IPS capacif
Résolution de 1440×720 pixels, 18:9
OS : Mobian (voir Gitlab)
Capteur photo/vidéo arrière 5MP, 1/4″, LED Flash
Capteur photo/vidéo avant 2MP, f/2.8, 1/5″
Son : mono, haut-parleur, fiche jack 3,5 mm
2G, 3G et 4G
Wi-Fi 4
Bluetooth 4
GPS
Batterie amovible Li-Po 2750-3000 mAh
Chargeur USB type-C, 15W – 5V 3A (Quick Charge)

Quel système d’exploitation pour le Pinephone Debian ?

Le PinePhone est un smartphone 4G fourni avec Mobian, un système d’exploitation basé sur Debian Linux, donnant accès à plus de 50 mille paquetages. Mobian est fourni avec Phosh, un environnement de bureau mobile basé sur GNOME, initialement développé par Purism pour leur smartphone Librem 5.

C’est quoi, Convergence, sur le Pinephone ?

Grâce au hub USB-C fourni dans l’édition Convergence, il est possible de connecter un clavier, une souris et un moniteur via HDMI pour en faire un véritable ordinateur Debian mobile.

Quand sort le PinePhone Mobian ?

L’édition Mobian du Pinephone a été lancée le 18 janvier 2021. Les premières expéditions sont attendues mi-février.

Acheter le Pinephone Mobian Community Edition

Le lancement est officiel. Le Pinephone Mobian est disponible à la vente, y compris en Europe.

Où trouver le Pinephone Mobian ?

Le Pinephone Mobian Community Edition est disponible à la vente sur la boutique en ligne de Pine64 en édition Convergence ou sans son dock USB-C.

Quel est son prix ?

Tout dépend de l’édition choisie.

La version de base du Pinephone Mobian Community Edition coûte 149$, soit environ 125€ hors taxes
Le prix de lancement du Pinephone Mobian Community Edition avec Convergence (câble destiné à le relier à un écran pour en faire une unité centrale) est de 199$, soit environ 165€ hors taxes.

Bon à savoir : la TVA polonaise s’ajoute pour les clients européens, soit 23%. Pourquoi ? C’est dans cet État européen que se trouve le centre logistique.

Pour qui ?

Les smartphones Pinephone « Community Limited Edition » sont principalement destinés aux développeurs et aux « early adopters ». Le constructeur le conseille à des personnes disposant d’une expérience avec les systèmes Linux, en dehors des curieux.

En savoir plus

Projet Mobian
Annonce du PinePhone Mobian Community Edition
Mobian sur Gitlab

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Pourquoi le bureau d’Ubuntu 21.04 passerait en mode privé (permission 750)

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Le développement de la prochaine grande édition d’Ubuntu est en cours. La version 21.04 sortira en avril et comportera une nouveauté importante, le répertoire « home » pourra être privé.

Le site Itsfoss rappelle l’annonce d’Alex Murray, responsable de la sécurité d’Ubuntu :

« Après plus de 14 ans de débat, je propose qu’il est temps d’aller de l’avant et d’arrêter de créer des dossiers personnels lisibles par la planète entière sur Ubuntu dès la version 21.04. Les anciens arguments étaient principalement centrés sur la commodité de cette fonction entre plusieurs comptes utilisateurs souhaitant partager facilement des fichiers. Cependant, beaucoup de choses ont changé au cours des 14 dernières années. Les répertoires personnels lisibles dans le monde entier ressemblent désormais davantage à un pistolet qu’à une fonctionnalité. Un hacker pourrait désormais accéder plus facilement aux données sensibles des autres comptes ou du compte administrateur. »

D’où l’idée, dans le cours du développement d’Ubuntu 21.04, de proposer un changement radical : rendre le répertoire /home privé et sécurisé, c’est-à-dire, une modification de la permission à 750 au lieu de 755. Ce changement ne concernera pas les migrations depuis Ubuntu 20.10, mais uniquement les nouvelles installations d’Ubuntu. Ce sera l’occasion d’opérer un test grandeur nature avant la prochaine édition LTS, prévue en 2022.

La discussion initiée par Alex Murray est en cours. Elle peut être suivie sur Discourse

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Logiciel libre : le Premier ministre se montrera-t-il à la hauteur du rapport Bothorel ?

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Éric Bothorel sera notre invité en direct dans l’émission Libre à vous ! du mardi 19 janvier 2021 (15 h 30 – 17 h).

14 janvier 2021, communiqué de presse.

Chargé d’une mission d’analyse et de prospective relative à la mise en place d’une politique publique de la donnée et des codes sources, le député Éric Bothorel a publié le 23 décembre 2020 son rapport. Il dresse un état des lieux lucide de la situation actuelle en termes d’ouverture des codes sources, décrit clairement et de manière pertinente les enjeux et inscrit sans détour le logiciel libre comme un des piliers d’une politique publique cohérente de la donnée et des codes sources.

« L’April salue le travail réalisé par la mission et invite le Premier ministre à se saisir de ce rapport et à engager, enfin, avec l’ensemble du gouvernement une politique publique ambitieuse en faveur du logiciel libre. Huit ans après la circulaire Ayrault relative aux orientations pour l’usage des logiciels libres dans l’administration, le Premier ministre se voit offrir une formidable occasion de définir une stratégie globale sur l’utilisation, la publication et la politique de contribution aux logiciels libres » déclare Jean-Christophe Becquet, vice-président de l’April.

Lire le rapport Bothorel (PDF, 216 pages)

En juin 2020, le Premier ministre a confié au député Éric Bothorel, en y associant Stéphanie Combes, directrice générale du Health Data Hub, et Renaud Vedel, coordonnateur national pour l’intelligence artificielle, la conduite d’une mission d’information ayant pour objet d’analyser les opportunités stratégiques et financières ainsi que les freins à lever pour favoriser l’ouverture par défaut des données et des codes sources publics 1. La mission a mené plus de 200 auditions, dont celle de l’April, et a ouvert une plateforme de consultation publique, à laquelle l’April a participé, qui a montré un fort engagement pour le logiciel libre (les propositions de l’April et du CNLL (Union des entreprises du logiciel libre et du numérique ouvert) ont été les plus soutenues).

Ouvrir et partager les codes sources, un enjeu de démocratie

Le rapport identifie quatre éléments clefs pour une politique publique cohérente et ambitieuse d’ouverture des données et codes sources : un portage politique, des moyens, humains comme financiers, le recrutement de « talents du numérique », le renforcement au sein de la fonction publique « d’une culture de la donnée et du code ». Sur la base de ces constats, le rapport énonce de manière lucide les manques actuels, notamment en termes de portage politique où, il faut bien le reconnaître, les actes peinent souvent à rejoindre les paroles.

« La donnée et les codes source ne sont pas juste un enjeu « tech », mais d’abord et surtout une question politique, démocratique, scientifique et économique. »

La notion « d’ouverture » ne doit pas être lue dans son sens strict. Elle suppose, ce que rappelle la lettre de mission, la « réutilisation libre et gratuite » des données et codes sources publics. En ce sens le rapport décrit très bien les enjeux et l’importance de l’ouverture des codes sources. Il s’agit d’« un vecteur majeur de mutualisations », d’« un gage de transparence de la décision publique », de sécurité, mais aussi d’attractivité des compétences. Et c’est de façon très fluide que le rapport, dès la synthèse, fait le pont entre ouverture des codes sources et utilisation des logiciels libres. Son sommaire ne s’y trompe pas, la partie 4 du rapport « Se donner les moyens de nos ambitions » préconise sans équivoque dans sa section 2 de « développer l’utilisation des logiciels libres ».

« S’agissant de l’ouverture des codes et de l’utilisation de logiciels libres, il faut structurer la communauté du secteur public et renforcer l’appui qui lui est apporté. Le logiciel libre n’est pas une idéologie déconnectée des besoins des administrations et ses enjeux ne se résument pas à la question de l’utilisation de LibreOffice. Il est au contraire le moyen de créer enfin du partage et de la mutualisation dans le secteur public, d’éviter que deux administrations s’épuisent sur un même problème sans le savoir et sans se parler, enfin de permettre à l’administration et à l’économie de s’enrichir mutuellement en développant ensemble des outils d’intérêt général. Il constitue aussi une réponse au manque d’attractivité de l’État pour les compétences numériques. La mission considère que la création d’un Open Source Program Office (OSPO), visible et pérenne, au sein de la DINUM2, serait une première pierre pour relever ce défi.  »

Les bénéfices de l’utilisation des logiciels libres en termes de mutualisation sont bien explicités, en particulier à travers les trois cas d’usage portant sur des logiciels libres d’information géographique ; QGIS, Prodige et Geotrek. De manière générale le document démontre un vrai souci de pédagogie sur des considérations parfois complexes, notamment sur comment des projets de développement de logiciel libre sont menés. Démarche utile et nécessaire si l’on considère le manque de « culture de la donnée » dans la fonction publique et dans les fonctions électives. Manque identifié comme un enjeu clef par le rapport.

Ainsi sur les considérations de sécurité des systèmes d’information, le rapport déconstruit très clairement le mythe de la « sécurité par le secret », qui voudrait qu’un code inaccessible soit vecteur de sécurité. Il précise utilement qu’à l’inverse « la fermeture des codes sources peut entretenir une méfiance à l’égard de l’État ». On regrettera toutefois qu’il ne soit pas recommandé, comme le proposait l’April lors de la consultation publique, de « supprimer la « sécurité des systèmes d’information des administrations » comme exception à la communicabilité des documents administratifs » qui ne sert qu’à maintenir ce doute infondé.

« Contrairement à une idée encore très répandue, l’ouverture des codes sources est un facteur de fiabilisation et de sécurisation des systèmes d’information, dès lors qu’elle permet de confronter le code à des retours utilisateurs. De manière complémentaire, le développement de logiciels libres permet d’enrichir le service »

Le rapport met également bien en avant l’importance des communautés autour des logiciels libres. Il démontre clairement en quoi cela s’avère une force et les raisons pour lesquelles les pouvoirs publics, plutôt que de s’en méfier, devraient bien au contraire pleinement s’y investir : renforcer les bénéfices de la mutualisation, améliorer la sécurité et la qualité globale des logiciels – pour les administrations et pour l’ensemble des utilisatrices et utilisateurs – ainsi que comme vecteur d’attractivité des compétences. Mais cela ne se décrète pas et doit s’inscrire dans une stratégie de contribution effective aux projets logiciels libres.

« La France doit accompagner ses talents, comme elle le fait pour des sportifs de haut niveau, et s’appuyer sur eux pour renforcer l’attractivité du secteur public grâce au logiciel libre »

Impulser la politique logiciel libre au niveau interministériel

En ce qui concerne l’ouverture des codes sources, donc l’utilisation effective du logiciel libre, le rapport met en avant l’importance de la coordination interministérielle, transversale, échelon le plus pertinent selon le document pour mener une dynamique d’ouverture et répondre aux enjeux identifiés. Plus concrètement, la proposition du rapport s’articule principalement autour de deux recommandations complémentaires : les recommandations n°5 et n°8.

La recommandation n°5 prévoit d’ajouter au périmètre de l’actuel « Administrateur général de la donnée » les algorithmes et codes sources. Cet « administrateur général de la donnée, des algorithmes et des codes sources (AGDAC), missionné par le Premier ministre, auprès du DINUM (Directeur interministériel du numérique), [aurait] pour mission à temps plein de piloter la stratégie nationale d’ouverture de la donnée et des codes sources, en s’appuyant sur les administrateurs ministériels des données, des algorithmes et des codes source (AMDAC). »

L’AGDAC, se verrait ainsi confier « une mission visant à promouvoir la publication et la réutilisation des codes sources au sein de l’administration », ainsi que « d’accompagner les ministères dans la définition et la mise en œuvre de leur politique d’utilisation des logiciels libres ». Ces missions s’exerceraient, recommandation n°8, notamment au travers d’ « une mission logiciels libres au sein de TECH.GOUV, chargée d’aider l’administration à ouvrir et à réutiliser les codes sources publics, d’identifier les enjeux de mutualisation et de créer des liens avec les communautés open source existantes et d’accompagner les talents français dans ce domaine ».

Le rapport décrit cette mission logiciels libres comme l’« animation interministérielle » rassemblant les développeurs et développeuses de l’État. Il cite d’ailleurs le fonctionnement du Socle Interministériel du Logiciel Libre (SILL), qui s’appuie sur des référents pour chaque logiciel du catalogue. En termes de moyen, le document suggère que la mission « pourrait être constituée par exemple d’un responsable et de deux à trois chargés de mission (3 à 4 ETP 3. Ce point est déterminant. Sans moyen humain dédié, à temps plein, l’ambition affichée restera lettre morte. Il faudra à ce titre être particulièrement vigilant concernant les moyens réellement accordés le cas échéant, et veiller à ce qu’il ne s’agisse pas d’une simple nouvelle compétence attribuée par décret à la DINUM à moyen constant. La recommandation n°8 se rapproche de l’une de notre propostion de créer une agence ou mission interministérielle pour accompagner les administrations sur l’utilisation, la publication et la politique de contribution aux logiciels libres.

Le rapport envisage plusieurs actions que la mission logiciels libres pourrait mener ou animer ; « définir les projets libres critiques sur lesquels il vaut la peine de recruter des talents », créer un « BlueHats Summer of Code »4 pour « mobiliser des étudiants pour des stages bien rémunérés, étudiants qui contribueraient à résoudre un problème dans un logiciel libre utilisé par une administration », ou encore « accompagner l’émergence de ces écosystèmes au sein de l’État ». En ce qui concerne l’accompagnement des ministères, le rapport recommande que des référents logiciels libres 5 soient nommés en appuie des AMDAC, et souligne que la stratégie « pourrait être évaluée en identifiant les moyens investis au travers de la part de budget des ministères consacrée à l’action de référents logiciels libres des ministères ou à la mise en œuvre de leur politique open source. »

Si la coordination à l’interministériel semble la principale piste explorée, le rapport n’ignore pas les collectivités territoriales et rappelle régulièrement les bénéfices qu’elles tireraient d’un engagement vers davantage d’ouverture de leurs données et codes sources. Il cite d’ailleurs en exemple le logiciel OpenCimetière, logiciel libre de gestion des concessions de cimetières, comme illustration de la mutualisation d’un outil entre plusieurs mairies qui ont, de fait, la même mission de service public. Le rapport constate également le caractère encore limité du partage d’informations entre État et collectivités.

La commande publique : angle mort du rapport ?

Le rapport n’aborde que très peu un enjeu qui parait pourtant central, celui de la commande publique. Si le document reconnaît, dans une partie consacrée à la nécessité « d’acculturation » des acteurs publics que « l’utilisation des outils de la commande publique est parfois complexe pour tenir compte des besoins des logiciels libres », il ne fait aucune recommandation en ce sens. L’April regrette notamment que la mission n’ait pas adressé sa proposition pour une « priorité au logiciel libre », pourtant la plus soutenue de la consultation publique.

De même, l’April proposait la création et le maintien d’une forge publique des logiciels libres – un code.gouv.fr à l’image de data.gouv.fr – qui répondrait à plusieurs des constats du rapport, notamment en termes de mutualisation et de souveraineté. Le rapport notant pourtant qu’« il n’existe pas de forge souveraine pouvant accueillir les codes sources produits par l’administration ».

Besoin d’un (vrai) portage politique

Il est intéressant de noter que le rapport pointe une baisse dans la dynamique d’ouverture de la DINUM qu’elle situe à fin 2017… alors même que la Cour des comptes appelait à amplifier la stratégie de la direction interministérielle du numérique (alors appelée direction interministérielle du numérique et du système d’information et de communication de l’État). La Cour des comptes dressait déjà un constat similaire : « le partage de développements libres apparaît désormais comme un puissant facteur d’efficience et d’influence. Il permet d’étendre la portée des mutualisations au-delà de la seule sphère de l’État ». Le rapport ne révèle donc pas une réalité nouvelle, mais bien un constat relativement ancien et il met en lumière l’inertie des pouvoirs publics qui tardent à se saisir réellement des enjeux. Il n’est ainsi pas anodin qu’un des premiers appels du rapport soit celui de la nécessité d’un portage politique et administratif, et que les membres de la mission soulignent « qu’en l’état actuel des choses, la mission craint que ses recommandations ne soient pas portées et suivies ».

« si le gouvernement n’anime pas cette politique, la France manquera une occasion majeure de renforcer tout à la fois la confiance dans l’action publique, l’efficacité des politiques publiques, et la connaissance et l’innovation dans l’ensemble de l’économie »

Le Premier ministre, comme il s’y est engagé, doit agir de manière résolue pour mettre en place une politique publique de la donnée et des codes sources, qui s’appuie sur le logiciel libre. Le rapport livre ici un très bon état des lieux de la situation et propose des pistes pertinentes pour répondre aux enjeux identifiés. C’est à présent au Premier ministre, avec l’ensemble du gouvernement et des administrations, de s’en saisir pour enfin définir une stratégie globale sur l’utilisation, la publication et la politique de contribution aux logiciels libres. L’April, dans la continuité de ses actions pour une informatique libre au service de l’intérêt général, y veillera et reste bien sûr à disposition du gouvernement et de toute personne ou structure concernée par les suites de ce rapport.

Éric Bothorel sera notre invité en direct dans l’émission Libre à vous ! du mardi 19 janvier 2021 (15 h 30 – 17 h).

Source april.org

 

Linux : les développeurs pourraient abandonner les configurations trop anciennes

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Avec la prochaine version du noyau Linux, la communauté évalue la possibilité de stopper la prise en charge des plateformes techniques les plus anciennes, notamment celles reposant sur une architecture ARM.

Pour donner un coup de jeune à ses anciennes machines, Linux est généralement le système privilégié. La communauté entretient en effet un kernel relativement flexible et plusieurs environnements de bureaux légers permettent d’obtenir une certaine fluidité pour des tâches courantes.

Linux veut faire le tri

Cependant, alors que la version 5.10 du noyau a été publiée, cette dernière est en version LTS, à support étendu, durant cinq années. Par la suite, les prochaines moutures apportant diverses évolutions pourraient stopper la prise en charge des configurations les plus anciennes.

Arnd Bergmann développeur historique du kernel, a notamment regardé les plateformes ARM pouvant potentiellement être retirées du support. Il explique que plusieurs d’entre elles n’ont pas reçu de commit au sein du kernel depuis des années.

Comme le rapporte Phoronix, Arnd Bergmann a notamment identifié 14 plateformes ARM pouvant être retirées puisqu’elles n’ont reçu aucune évolution pour Linux depuis au moins cinq années. Parmi ces dernières, nous retrouvons ASM9260 (2015), Spear (2010), u300 (2009) et EFM32 (2011).

Bergmann a sélectionné une vingtaine d’autres plateformes pouvant potentiellement être retirées de la branche de développement du kernel. Notons en outre d’autres processeurs devenus également obsolètes, même pour Linux. C’est le cas de MIPS R3000/TX39xx et de plusieurs modèles de PowerPC.

Pour l’heure, aucune décision ferme n’a été prise. Vous pouvez retrouver l’ensemble des plateformes pouvant potentiellement être retirées sur ce fil de discussion.

Source : Phoronix